31 juillet 2010. Il y a presque 10 ans jour pour jour, Pascal m’invitait en balade pour essayer de répondre à la question :
“La mobylette noire et orange va-t-elle plus vite que la mobylette orange et noire ?”
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Journée mémorable sur les routes des Corbières à comparer ses 2 660 SMC, presque pareils mais pas du tout, en fait. Carburation, AAC, freinage, suspensions, les deux fausses jumelles avaient chacune leur mode d’emploi et leur caractère bien à elles.
La morale qu’on avait tiré de cette journée ?
Un 660 SMC, c’est un 660 SMC.
Mais deux 660 SMC, ce sont deux motos bien différentes !
=== Ze Comeback of Ze BOSS ===
12 ans plus tard, rebelotte.
“Séb, ça te dirait de comparer un 690 SMCR avec une 690 SMCR ?
- Bah… carrément ouais !”
Nous voila donc aux portes du Diois et de ses virolos à gogo pour un nouveau comparo de deux fausses jumelles.
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Cette fois, on a, sur la gauche, une SMCR 2012,(“V1”) avec sa culasse simple allumage et sa commande de gaz à cable, et sur la droite, une SMCR 2017 (“V2”, inchangée depuis 2014), avec sa culasse double allumage, son ride-by-wire, indicateur de rapport engagé et quelques babioles..
Et en guest-star et arbitre, la SXV 550, confiée à Lolow, qui a délaissé sa Guzzi V85SM pour l’occasion…
Été, vacances, familles, enfants, et Pascal qui habite à 1000 bornes de chez moi, on en a un peu ch*é pour caler la date, mais on y est arrivé..
On a choisi…. la *seule* journée de pluie l’été..



Belle bande de loosers… :/
Nous voilà donc à Valence, 8h du matin, ce vendredi 1er juillet…. sous la drache…


Drache qui en plus aura le bon goût de faire dégorger tout la merde incrustée dans le bitume; pour le recouvrir d’une belle mousse blanche qui inspire confiance à mort…
:/
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Mais bon, on n’est pas des lopettes, et une fois épuisées les dosettes de café, les nouvelles de la famille, et le slip de Lolow un peu séché, on a fini par se mettre en route vers 11h. Le RB initial de 400 bornes se réduira donc [url=https://www.myrouteapp.com/route/open/6415720]finalement à 250[url], mi-trempé m-sec, le soleil finissant par daigner se montrer à partir de 14h. C’est dommage, mais on fera avec.
“Bon OK Séb, plutôt que de la pluie et du beau temps…parle-nous des brêles plutôt !”
Je me souviens de mes premiers tours de roue en 660, en descendant de la 950 à l’époque : “Zarma, mais c’est un vélo ce truc, ça ne pèse rien.”
12 ans plus tard, passant de la SXV à la 690 : “Zarma, mais c’est super haut ce truc ! Et puis c’est lourd en fait”
Toujours un plaisir à retrouver le coup de piston, ce popopopap typique du romono, mais sous la flotte, sur le bitume luisant et mousseux, je ne fais pas quand même pas le malin.
La fourche est plus molle que sur le SXV, la moto plus haute, le coup de piston plus présent…. En fait tu m’aurais dit que c’était un Dominator ou un DR 650 je t’aurais cru aussi. Marrant de voir comment les sensations sont toujours… relatives.
Au fil des km, je prends mes marques, et commence à prendre du plaisir sur ce qui reste quand même une moto très sympa. Plus grosse, plus haute, plus souple que la SXV, mais du coup plus cool, plus confortable, plus tranquille, tout en restant joueuse, bonne freineuse et facile à balancer…
Mais puisque l’idée est d’échanger les impressions, assez rapidement je la passe à Lolow et je récupère ma SXV pour quelques km.
“Qu’elle est petite ! Qu’elle est légère !” Qu’elle est intuitive !”
Même si, pour ce dernier point, c’est hyper subjectif puisque je retrouve avec plaisir ma SXV “monobloc”, qui transmets tout, alors que Lolow se réjouit de quitter cette moto trop petite et trop raide pour une 690 plus expressive, qui bouge plus et qui au final lui parle plus…
A chacun son châssis de prédilection.
Mais quand on les met à coté, c’est sans équivoque. La SXV est plus basse de selle, de guidon, plus courte.. on dirait un YCF perdu dans un paddock SM. C’est une pistarde compacte avec une plaque, là où la SMCR a gardé l’esprit des SM routiers, à savoir un Trail monté en 17 pouces.
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Allez, nouvelle pause, le soleil se lève, l’occasion de refaire tourner les guidons et de tester l’autre 690, la 2017.
“Alors, elle est vraiment différente l’autre, cette V2 ?”
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Ben.. tu me les aurais filées à 15 jours d’intervalle, je t’aurais dit “Bonnet blanc et blanc bonnet”. Mais là, quand tu descends de l’une pour monter sur l’autre…tu sens bien les différences.
Oh, c’est pas des montagnes non plus hein. Mais suffisamment différentes pour faire dire à Lolow “Celle-là j’achète. Celle-ci, j’achète pas !”
Parce qu’en fait, si on devait résumer, je dirais
“La SMCR 2012, c’est l’aboutissement des SM à l’ancienne.
La SCMR 2014, c’est le début des SM de la nouvelle ère.”
La V1, c’est un moteur avec du couple en bas, du senti de piston, mais qui s’essouffle plus vite, et qui n’explose jamais. La V2, c’est un mono lissé mais rageur, qui ne demande qu’à prendre des tours.
La V1, elle existe, elle a son caractère, et tu dois composer avec.
La V2, elle s’efface et se fait oublier, pour se mettre au service de l’efficacité.
Vraiment deux philosophies différentes, deux façon différentes de profiter de la moto.
Sur la V2, quand tu roules seul tu t’emmerdes vite. La moto n’est pas “fade”, mais elle est discrète, et ne se révèle que quand tu la cravaches, pour t’arsouiller avec les potes.
La V1, c’est pas du touring, mais tu retrouves le plaisir de la Duke2, ce petit “brooAAP” au coup de gaz à 3000 tours… Elle pourrait presque se suffire à elle-même. Tout en répondant bien présent quand le rythme augmente.
Encore une fois, ce n’est pas “le jour et la nuit” entre les deux motos, mais on sent clairement l’inflexion de philosophie entre la dernière des anciennes, et la première des modernes.
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“Et finalement t’en retiens quoi, de tout ça, Séb ?”
Ben en fait, j’en retiens 2 choses :
1/ Le feeling, c’est très relatif !
Les avis sur ces brêles, c’est vraiment “l’une par rapport à l’autre”. Je suis sûr que je n’en n’aurait essayée qu’une des deux, je n’aurais jamais écrit ce que j’ai raconté plus haut. Ca serait revenu à répondre à la question “Quelle est la différence entre un canard ?”
D’ailleurs, Lolow, qui avait adoré la SXV il y a un mois en descendant de la Guzzi, l’a trouvée trop dure, trop compacte, trop “pistarde” une fois confrontée aux SMCR.
Donc il ne faut pas prendre ce que vous lisez ou ce qu’on vous raconte comme des vérités absolues. Il faut comparer ça par rapport à là d’où vous venez et ce dont vous avez l’habitude…
2/ Il y a plein de trucs sur lesquels on se pignole, quand même…
Tu auras remarqué que je n’ai parlé que du caractère moteur.
Pourtant, si tu as l’œil, tu auras peut-être remarqué que les étriers sont différents, les MC de frein et d’embrayage sont différents, sans même parler de la selle, des préparation suspensions etc..
Mais au final, les deux freinent quasiment pareil, le MC d’embrayage PR14 de l’une vaut le MC PR15 de l’autre…. Tout cet accastillage fait joli mais ne change pas grand chose, une fois en selle.
En fait, coté chassis la seule vraie différence ça aura été la fourche de la V2 exagérément dure, qui aurait mérité une purge des vis d’air, voire une bonne vidange, rendant la moto nettement moins facile dans le frippé / défoncé.
Mais pour le reste, meme si je suis sûr que le dossier de presse te parle de “moteur réculé dans le cadre de 0,8cm, d’angle de chasse modifié de 0,3° et tout ce genre de c*nneries comme pour la SMR 2023, une fois le cul dessus t’es bien en peine de savoir si la différence vient de là ou des pneus….
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“Et tu repartirais avec laquelle, alors ?”
Ben… ça dépend pour quoi faire

Celle que je garderais, c’est la V1, parce que c’est une génération disparue, que l’on ne retrouvera plus.
Celle avec laquelle je rejoindrai les potes pour arsouiller : la V2, plus facile, plus efficace.
Celle que j’aimerais bien tester ? La V3 (2019), pour mesurer le chemin parcouru depuis la V1

Et pour ça, Pascal m’a soufflé à l’oreille…. “On ne va pas attendre 12 ans pour la prochaine hein…. 12 mois devraient suffire !”
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