(NDLR - vu que j'ai mis 2 semaines à écrire mon CR il s'était un peu dispersé). Je déplace les posts ici pour les avoir à la suite).
== PREQUEL ==
FRUSTRATION
C'était vraiment le maitre mot de
mon CR du Rallye Grand Sud, et ma gamelle au bout de 60 bornes, avant même l'arrivée de la première spéciale, alors que toutes les conditions étaient réunies pour passer une journée de folie. J'étais passé à coté du truc, et j'avais laissé filé une occasion en or de me faire plaisir et de partager des moment précieux avec des potes, et même des amis.
Et dimanche dernier, alors que je me fadais les 100 derniers km qui me séparaient de la maison, tanké à 110 sur l'autoroute, je n'arrivais toujours pas à enlever ce sentiment qui à nouveau m'envahissait. Encore une fois toutes les conditions étaient réunies pour un WE de folie, et encore une fois j'avais merdé.
Organiser une sortie, réunir des potes, leur faire (re-)découvrir des belles routes, et rassembler autour d'une table des gens qui ne se seraient jamais croisés sinon et qui ont pourtant tant à partager, ça j'adore.
Mais se pointer le jour J avec 20h (si pas 50) de sommeil en retard, ça c'est une grave erreur. Je devrais le savoir, c'est même au coeur de mon métier. Gérer la fatigue pour garder la lucidité en toutes circonstances. Mais pour le coup j'ai voulu trop en faire avant, et j'ai merdé. Se pointer crevé à une balade moto, qui plus est
la seule balade moto au programme de l'année, c'était tout sauf intelligent.
Et venir avec femme et enfant, quand la petite a un an, c'est génial. La PPC15 restera un souvenir mémorable de coté là, d'avoir pu allier de la sorte moto, potes et famille. Mais venir avec une gamine de 2 ans qui court partout et surkiffe les escaliers, c'était une grosse erreur. Je ne me rappelle pas avoir pu échanger plus de 2 phrases consécutives avec qui que ce soit le soir à l'apéro, tellement la petite m'a accaparé.
Résultat des courses : 48h en mode survie, une n-ième chute, et l'impression d'être passé encore une fois à coté d'un grand moment de moto avec les potes.
C'était bien parti pourtant.
Malgré un hivernage forcé de la SuperMamie, j'avais réussi à trouver une journée et enrouler mon pote Manu pour aller rouler la semaine précédente et faire un semblant de recos.
Recos très sommaires, mais pas su trouver le temps de mieux (déjà), et puis j'avais totalement confiance en les RB de Cani.
Ce roulage, c'était surtout pour essayer de retrouver des sensations après la chute d'octobre.
Mary m'avait laissé partir "faire le con" seul, et s'était retrouvée à devoir venir me chercher à l'hosto.
Alors si je veux en garder quelques-uns à l'avenir, ça serait bien de rester sur mes roues cette fois.
Et puis cette semaine je repensais à 2004 aussi. 1er "VTSC TT" du nom, et un leglaude qui part de chez lui à 3h du mat' le vendredi de Paris pour nous rejoindre à St-Jean-de Maurienne et profiter de la journée avec nous. 900 bornes de TLS dans la journée, EricC peut témoigner, ça fait les bras. "Ouais mais tu comprends, c'est ma seule sortie de l'année, alors j'optimise."
"
Seule sortie de l'année" ? Le concept me parraissait surréaliste, moi et mes 15 à 20k de balades par an alors.
Et pourtant ça y est, maintenant j'y suis. En 2016 la VTSCTTPPC16 sera ma seule balade de l'année.
Alors j'ai envie d'en profiter à fond et de rouler un maximum avec mes potes
Jeudi soir, le Lapinou est dans les starting-blocs, mais moi j'ai déjà la tête dans le sac.
Trop de trucs à faire, pas assez dormi, toujours en mode "rattrapage horaire", l'excitation de retrouver les potos le dispute à l'envie de passer 3 jours à glander et à dormir.
== VENDREDI ===
Finalement, le soleil et le plaisir de retrouver Cani et ManuC chez
Steph' Guéguin vendredi matin font plus d'effet qu'un Doliprane, et me voilà regonflé à bloc quand on attaque les (toutes) petites liaisons qui mènent à Lussan, après l'incontournable escale à la pompe du Carrouf, lieu pittoresque où débute toute bonne balade cévenoles à 2 ou 4 roues...
Cani ouvre et se fait plaisir, mais moi je roule encore sur des oeufs. La moto, c'est comme le vélo sans doute, mais les sensations peinent quand même à revenir. Heureusement ManuC déteste les graviers, et l'espace d'un instant me fait croire que je sais encore rouler à moto.
Pause Déj avec Shao, gasogas et Skillucci à Lussan, on retrouve EricC, et gaz pour Florac.
Le rythme est tonique, j'arrive à le tenir, mais les sensations ne sont pas au rendez-vous.
Crispé, tout le temps en train de retenir la moto, de me pourrir la vie avec ce petit coup de frein avant avant chaque virage qui destabilise la moto, impossible de rouler fluide. Je prends du plaisir à enquiller derrière Patrice mais clairement, si dans le col de Murs l'année dernière je poussais au cul de lui et perenoël, cette année je suis à la ramasse derrière mon poisson-pilote, qui me met les cartouches qu'il veut quand il veut. Dans le fond je m'en fous, ça fait 10 ans qu'on roule ensemble, on a dépassé ce stade la depuis longtemps, mais c'est révélateur d'à quel point je suis à la rue.
Ca me rappelle une petit extrait de la revue de presse du M&M's de ce mois :
Et j'en suis exactement là. Ce débutant sans confiance qui bouscule inutilement sa moto et se mets dans la m¨rdre pour rien, faute de relâchement et de confiance.
Alors, sur la dernière portion de la journée, entre le Pont-de-Monvert et Florac, je me botte le cul pour calquer ma technique sur celle de Patrice. J'arrondis bien les trajectoires, et ne freine que s'il freine. C'est la fin de journée, le rythme est cool et se prête bien à l'exercice.
Oh, ce n'est pas encore le retour des grands jours, mais petit à petit les sensations reviennent, même si plus d'une fois je dois me faire violence pour ne pas toucher ce satané levier en entrée de virage alors que ça ne sert à rien, ou pour forcer mon regard au loin devant, et pas juste sous ma roue à la recherche d'un hypothétique gravillon ou d'une trace de boue séchée.
Arrivée au gîte, je suis vite accaparé par ma fille, par l'orga en général ("elle est où ma chambre ?" "Il y a des WC ? "On fait comment pour les bières ?" etc...), tout en essayant de soulager ma femme au max, qui est venue pour se faire plaisir elle aussi, et à qui je dois bien ça (et bien plus encore).
Beaucoup de plaisir à retrouver tout le monde, même si jusqu'à 20h c'est clairement en pointillé, Ismène ne me laissant que peu de répit.
22h30, je m'effondre de sommeil, on file se coucher.
Et là,
THE malheur du WE. La machine à faire des images au plafond de la petite tombe en panne de piles.
Et on se tape la pire crise d'angoisse dont elle nous a jamais gratifié. Pleurs, hurlements, et refus de s'endormir jusqu'à 2h du matin.
On finit par s'effondrer tous les 3 (je ne sais plus bien dans quel ordre), mais quand le réveil sonne à 7h je suis encore plus mort que la veille au soir.
=== SAMEDI ===
La journée s'annonce belle, les potes sont là, ça requique bien et il n'est pas 9h quand on se met tous en route.
Enfin, tous... forfait d'EricC trahit par un pneu farceur, on sera contraint de le retrouver un peu plus tard. Il est bien entouré et c'est un grand garçon, je ne m'en fais pas pour lui.
On est déjà un bon groupe de 7-8 motos et les tarlousains trans-istes de la OVTLP Team se joignent à nous.
Ca fait un joli troupeau sur les routes cévenoles, pour éviter les embrouilles je me cale en 2 derrière mon poisson pilote attitré.
Entre le manque de pratique et la fatigue, si je ne le suis pas je serai à l'arrêt toute la journée.
Rapidement l'invité en SD nous colle aux basques. Un peu trop à mon goût même. Je lui cède la place de 2, et me cale derrière lui.
Son style ne me convient pas trop (aussi peu enroulé que moi), mais je ne me sens pas de forcer pour coller Patrice.
Et tout d'un coup débarquent 3 Toulousains bien chauds, tous prétendants manifestes au titre de "best-of-the-rest" qui viennent coller à la roue de Patrice.
Oulah, 4 entre mon Poisson et moi, ça va faire trop. Et ça me foutrait les boules de le perdre, sur cette section matinale c'est vraiment avec lui que j'avais envie (et besoin) de rouler.
Le SD enquille derrière les 3 toulousains, Patrice hausse un poil le rythme, et moi je ferme la marche de tout ce petit monde.
Mais rouler vite en queue de peloton, je ne sais pas faire, et encore moins derrière un inconnu. Trop d’éléments perturbateurs (ces feux devant dont je n'arrive pas à prédire la trajectoire et auxquels je dois donc porter attention) pour trajecter proprement, et être suffisamment concentré pour rester fluide. Et la petite voix de ma femme qui ne me quitte pas "surtout tu ne te fais pas mal hein ?!"
Bien sûr je n'ai JAMAIS fait de la moto dans l'intention de tomber. Mais après ma cabriole d'octobre dernier, je n'ai vraiment pas droit à une cabriole de plus.
Alors, entre ces sous-bois piégeux avec alternance de jour-nuit graviers-pas gravier, la fatigue, la fin de peloton, et le peu de sensation, quand tout d'un coup le SD devant se met à faire des trucs bizarres et à tirer tout droit, je redresse la moto et je fais... tout comme lui, les yeux rivés sur lui, sur le sol (gravillons???) bref partout sauf loin devant. Et j'atterris dans le dégagement en terre et caillasses avec le frein avant généreusement saisi et la roue avant en vrac.
Et..... BAM GUESS WHO'S BACK ?
Il vous avait manqué ? sml la gamelle is back !!
Un grand coup de colère autant que de lassitude "PU*TAIN MERDE Y'EN A MARRE POURQUOI CA TOMBE TOUJOURS SUR MOI ?"
A peine le temps de prendre des nouvelles de mon comparse en SD, qui s'en sort à peu près aussi indemne que moi (à part l'ego et du plastique, rien d'abimé.) que toute la troupe débarque.
Allez, pas de bobos, on relève la moto, et on y jette un oeil.
Enfin, "on".
Je n'ai même pas le temps d'oter mon casque que ManuC est à pied d'oeuvre, avec Ponpon en couverture.
Ces deux-là, je ne sors plus sans depuis
ma cabriole dans le Jura, où ils m'avaient remis ma moto sur pied alors que j'étais déjà au tél en train de commander le plateau de la dépanneuse.
Un peu d'inquiétude lorsque la belle (humm) se met à gicler du liquide de partout à l'action du démarreur, mais finalement plus de peur que de mal. Une fois la durit de refroidissement correctement remise en place sur le radiateur, SuperMamie reprend vie comme si de rien n'était. Les précédentes gamelles n'avaient pas réussi à avoir raison d'elle, elle n'allait pas se laisser abattre par si peu quand même.
Allez, pas le temps de philosopher. On n'était pas venu pour mécaniquer à la base, mais pour rouler. Et on n'a pas du dépasser les 50 bornes depuis ce matin.
Alors GAZ !, il y a encore 350 km de RB qui nous attendent !