On n'est plus qu'à un mois du départ, les recos ont bien avancé pour les uns et les autres.
La petite dernière inscrite au Moto Tour de notre équipe, c’est Marie, alias Marinette. Honneur aux demoiselles, c’est elle qui inaugure la série de portraits des cinq pilotes du team VTSC.
Marie va apporter sa touche de féminité au team...
Ou pas ! Parce qu'elle n’a pas peur de mettre les mains dans le cambouis, quand il faut faire une vidange ou changer un pneu.
Quelques questions pour mieux la connaître :
Depuis quand et surtout pourquoi fais-tu de la moto ?
Marie - Officiellement, j’ai le permis depuis 2005 mais cela ne fait que 4 ans que je roule régulièrement. La moto est une passion qui m’offre un avantage incroyable : me déconnecter de tout. Elle me permet de découvrir avec Cyril des paysages splendides, de rencontrer des amis et de me dépasser.
Quelles sont tes expériences marquantes ?
Toutes les balades que j’ai pu faire sont ponctuées d’anecdotes mémorables mais je crois que le tout premier fait marquant dans le monde de la moto n’est pas en moto : quand j’ai recherché un stage pour mes études, une seule personne m’a ouvert les portes de son commerce en me disant, « c’est génial, viens quand tu veux ! ». C’était Eric, de Dafy Dijon, qui m’a fait goûter à la potion magique motarde.
Il y a aussi eu le voyage en Slovénie. Quand nous nous sommes dit avec Cyril « Destination Ljubljana » il fallait une petite dose de courage ou d’inconscience. La traversée des Alpes était aussi excitante à organiser qu’à vivre et nous avons passé des moments qui resteront gravés à vie dans nos mémoires. Comme l’arrivée à une ferme-auberge slovène en fin de journée, après trois journées et 1200 km de petites routes et de flotte dans les pattes : les propriétaires nous attendaient avec rillette et verre de liqueur, faits maison bien sûr, pour nous mettre dans l’ambiance. On se serait cru dans les bronzés font du ski. Je crois que c’est ce que je préfère dans la moto : c’est une machine à fabriquer des sensations et des souvenirs incroyables permettant de profiter de tous les instants qu’offre la vie. Cerise sur le gâteau, j’ai cette chance énorme de pouvoir les vivre avec Cyril.
Le meilleur moment dans une balade moto, c'est la sieste.
Et au niveau rallye ?
Cette année, j’ai participé à mon tout premier rallye moto, celui de l’Ain. La tension était palpable et il fallait me prendre avec des pincettes, mais j’ai passé un super week-end. Avec en plus un classement pas trop mauvais pour un premier rallye. Bon je me dis que j’ai raté tel départ, qu’il aurait fallu passer tel ou tel virage sur telle trajectoire, je me suis demandé tout le temps si j’avais pointé dans la bonne minute. Mais ce qui est génial, c’est de discuter avec tout le monde. Le matin, on part sans connaître forcément les autres concurrents et en fin de week-end, on partage tous l’apéro en discutant du prochain rallye qui nous permettra de nous retrouver. Je n’ai jamais vécu une telle ambiance dans d’autres compétitions sportives.
(photo Guillaume Leprince)
Dans l'équipe, tu es la dernière inscrite au moto tour, car au départ de l’aventure du team VTSC, il n'était pas prévu que tu viennes. Pourquoi ce changement, qu'est-ce qui t'a décidé à venir toi aussi ?
C’est justement ce week-end rallye de l’Ain qui m’a décidé à participer au DDMT. Depuis que je fais de la moto, je regarde les vidéos et les articles sur le DDMT en me disant que cette aventure doit être incroyable à vivre mais impossible pour moi, trop difficile pour la pilote que je suis, trop chère. Quand l’équipe a commencé à prendre forme, cela me faisait de plus en plus envie… Grâce au rallye de l’Ain, j’ai pu me rendre compte de ce que pourrait être une participation au DDMT. Les conditions optimales de cette année ne se reproduiront sans doute plus : disponibilité de temps, d’argent, d’énergie à consacrer à ce projet, des assistants qui acceptent de nous aider durant ces 10 jours, des amis qui peuvent vivre avec moi ce défi et surtout c’est le dixième anniversaire du DDMT qui s’annonce incroyable. Il était hors de question de laisser passer cette chance !
Quels sont tes objectifs pour ce rallye ? Dans quel état d'esprit y vas-tu ?
Mon tout premier objectif est de pouvoir me dire à l’arrivée très simplement « je l’ai fait !». En 8 jours et 3 000km, beaucoup de choses peuvent survenir, je souhaite avant tout me faire plaisir et arriver à Toulon sur ma moto. Il va falloir gérer la fatigue, le road book, les chronos sur le routier mais aussi sur les spéciales quels que soient le temps et l’état des routes, les galères que l’on va forcement rencontrer…
Nous sommes presque 220 partants donc atteindre le milieu de tableau pour une première participation avec mon manque d’expérience me satisferait. Cependant mon esprit de compétition est bien présent pour me faire viser un podium en classement féminin !
Parle-nous un peu de ta moto : pourquoi celle-là ? Depuis combien de temps l’as-tu ?
Ma moto est une KTM 690 Duke, 4ième du nom, que j’ai depuis mars de cette année. KTM est une marque qui m’attirait depuis un moment car je vois défiler leurs motos dans le garage depuis que je connais Cyril. Après avoir goûté 4 cylindres, puis 3, puis 2, j’ai décidé de tester le monocylindre à la façon autrichienne. Il fallait juste une moto qui me permette d’avoir les deux pieds au sol. Pour moi, cette moto a énormément de qualités, peu de défauts. Et avant tout, elle me donne le sourire dès je monte dessus, qui ne s’en va qu’au moment où je la rentre dans le garage.
La moto de remplacement en cas de souci sur la Duke
Comment penses-tu que la semaine va se dérouler ?
Entre ce que j’imagine et la réalité de ce que nous allons vivre durant une semaine, il y aura beaucoup de différences, alors j’essaye de ne pas me faire d’idées. Me préparer au mieux matériellement et physiquement pour pouvoir en profiter au maximum !
Est-ce que tu connais bien les autres membres de l'équipe ?
Il y en un que je connais plus que bien mais je ne dirais pas qui... !
Je connais bien Benoît, qui habite à 50 km de chez nous et avec qui nous avons partagé pas mal de routes. Sébastien, je l’ai rencontré il y a deux ans lors d’un week-end de balade dans le jura et Jean-Marc... et bien cette année au mois de juin ! C’est ce qui est super avec le monde de la moto, rassembler pleins de profils différents qui ont le même objectif : participer au DDMT.
Est-ce qu'il y a des choses dont tu voudrais parler en plus ?
Je crois que j’ai déjà fait assez fait ma pipelette, donc rendez-vous en octobre !
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Et bien voilà la suite, c'est ponpon qui s'y colle
Les pilotes du team VTSC : Cyril
Cyril, c’est le grand du groupe, calme en apparence mais qui bouillonne à l’intérieur. Toujours souriant, attentif aux autres, toujours partant pour organiser une balade ou un week-end, c’est aussi un fana de la marque KTM. Logique qu’il embarque dans l’aventure au guidon d’une Duke.
Photo Guillaume Leprince
Depuis quand et surtout pourquoi fais-tu de la moto ?
Cela fait cinq ans tout pile que je fais de la moto (septembre 2007) et même si j’ai passé mon permis sur le tard à cause du travail, j’ai toujours rêvé d’en faire. La moto pour moi, c’est le voyage, les petites routes bucoliques de France et d’ailleurs, les copains, la nature (si si)… On ne voyage pas de la même manière en deux roues qu’à quatre. J’ai du mal à partir en vacances autrement. Heureusement j’ai la chance de pouvoir partager ça avec Marie.
Marie nous a parlé de votre trip en Slovénie. Est-ce que c’est aussi un voyage qui t’a marqué et as-tu d’autres souvenirs particuliers avec la moto ?
Oui, bien sûr, le voyage en Slovénie figure parmi les meilleurs moments : la traversée de la région des Dolomites, les grands cols suisses, l’incursion en Croatie, les paysages slovènes, le Stelvio, le Grossglockner Hochalpenstrasse.
Il y a aussi eu notre tour de Corse et les nombreuses balades que nous organisons dans toute la France avec notre groupe de potes.
En moto il y a aussi des moments difficiles ou des galères qui nous font rire ensuite.
Parmi eux je retiendrais tout particulièrement le jour où notre ami Sébastien a perdu son top-case dans un virage slovène. Il fallu descendre plusieurs dizaines de mètres en contrebas pour le récupérer, celui-ci contenant le GPS qui nous a permis de rentrer chez nous par la région des lacs d’Italie. Sans lui nous étions perdus !
Depuis combien de temps t’intéresses-tu aux rallyes ?
Le rallye, j’y ai gouté pour la première fois avec Benoît aux Garrigues en 2010 et depuis nous sommes mordus. J’en ai six à mon actif, avec une préférence pour le Sun Rally en 2011 et le Dourdou en 2012. J’aime bien les rallyes difficiles qui permettent de se dépasser. Je suis plus routard que limeur de spéciales.
Pourtant, les spéciales sont vraiment importantes en rallye. Comment te prépares-tu pour le Moto Tour ?
Les spéciales sont vraiment mon point faible, c’est pour cela que je fais actuellement un travail pointu dessus, en consacrant beaucoup de temps aux reconnaissances, en relecture de vidéos et en notes sur plan.
J’ai aussi un autre point faible : la vitesse sur circuit. Je ne suis pas du tout pistard alors je fais quelques séances pour m’entraîner. Mes quelques expériences piste jusqu’à présent sont en supermotard et aux 24 h du Mans… roller. Hey… je boucle un tour du Bugatti en 9’32
Et ton objectif pour le Moto Tour ?
Arriver au bout de l’épreuve sans encombre est un bon objectif pour un amateur comme moi. Mais ça serait de la mauvaise foi de dire que je n’espère pas figurer en bonne place au tableau des résultats. D’où mon travail de préparation en ce moment.
Avec quelle moto vas-tu courir ?
Ma moto est une KTM 690 Duke 3 que je possède depuis un an. J’adore cette marque, j’ai quasiment essayé toutes leurs motos de route et il s’agit de ma cinquième KTM. J’ai déjà possédé deux autres 690 SM, une 950 SMR et une 990 SMT. Pourquoi celle-ci ? Parce-quelle est haute et légère, son moteur est un régal et sa partie cycle irréprochable pour un modèle du marché sorti de chez le concessionnaire. Un vrai jouet pour grands enfants, « ready to race » comme ils disent en Autriche.
Comment penses-tu que la semaine va se dérouler ?
Une chose est sûre, rien ne se passera comme prévu. Mon principal souci va être la gestion du stress et de la fatigue, mais j’y travaille ! En tout cas ce sera une semaine mémorable, riche en émotions, avec tous les membres de l’équipe, pilotes et assistants, et surtout ma chérie !!!
D’ailleurs, en parlant de Marie, quelle a été ta réaction quand elle a décidé de participer elle aussi ?
Je suis vraiment super content puisque c’est moi qui l’ai encouragée à s’inscrire. Je ne me voyais pas vivre cette aventure sans elle et en plus, elle en mourait d’envie.
Peux-tu nous parler un peu des autres membres de l’équipe ?
Je connais très bien Marie, puisque c’est avec elle que je fais ma vie. Elle m’étonne toujours par sa ténacité et son envie de me suivre dans les délires les plus fous.
Benoît est un très bon copain avec qui j’ai fait mes premières armes en moto et en rallye. C’est quelqu’un de génial, tout le temps de bonne humeur et toujours présent quand on a besoin de lui.
Je connais Sébastien depuis deux ans, par l’intermédiaire de Benoit, et on se voit régulièrement au cours de nos différents stages, rallyes ou concentrations motos. C’est le moteur de cette équipe, il a cette capacité formidable à fédérer et rassembler les gens.
Quant à Jean-Marc je l’ai rencontré à l’occasion de la préparation de ce Moto Tour et je le trouve super. Grâce à sa longue expérience de la moto et à son tempérament calme, je pense qu’il sera de bon conseils dans les moments difficiles.
Est-ce qu'il y a des choses dont tu voudrais parler en plus ?
Et oui ! Dire un grand merci à nos assistants qui vont sacrifier une semaine de leurs vacances à nous suivre de ville en ville en camion, à supporter nos humeurs et à faire en sorte que tout se passe bien pour nous !!!
Vraiment un grand merci à eux !
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Maintenant, au tour de Père Noël
Benoît, du haut de ses 26 ans, c’est le benjamin de l’équipe. Mais pas forcément le moins ambitieux, même si les méthodes pour arriver à ses fins peuvent sembler... particulières !
Portrait d'un motard un peu casse-cou, un peu bricoleur, un peu beaucoup marrant.
Quand as-tu commencé la moto?
Je fais du deux roues (scooteur) depuis mes 14 ans, il faut bien se déplacer pour aller bosser. J’ai passé le permis A à 19 ans, juste après le B, en 2005, tout naturellement pour étancher ma soif d’adrénaline à défaut d’autres sports extrêmes.
C’est-à-dire ? Qu’as-tu fait comme sports et pourquoi as-tu arrêté ?
J’ai fait dix ans de skateboard, du snowboard, du montainboard (mixte en snow et skate) et un peu de kayak en eau vive.
De toute façon, je suis attiré par tout ce qui est dangereux. Je me suis beaucoup blessé en skate (une dizaine d’entorses et de fractures) et comme ma carte de fidélité au CHU a expiré, je suis contraint d’arrêter. En remplacement, la moto est un peu le mixte parfait de ce que j’aime : voyager, glisser et me faire quelques montées d’adrénaline
Quelles sont tes expériences marquantes ?
En premier, mes cascades! Par chance, contraitement au skate, je ne me suis jamais blessé en moto et pourtant c’est pas faute d’essayer. Je m’en sors bien mais on ne peut pas en dire autant de mes motos. D’ailleurs c’est un peu pour ça que je ne roule plus qu’en supermotard : moins fragile et réparable à moindre coût.
Mais il n’y a pas que les chutes dans la vie, il y a aussi quelques grands voyages en moto, comme la Corse et la Slovénie avec Cyril et Marie. J’ai touché aussi à la compétition, d’abord en Endurance racing twin pendant les week-ends WERC. Puis maintenant avec les rallyes depuis 2010, ma nouvelle passion. J’adore, il y a une ambiance que je n’ai jamais retrouveée dans une autre discipline, surtout la nuit. J’ai particulièrement apprécié le Sun rallye l’an dernier : des spéciales bien longues, un routier vraiment compliqué et usant.
Quels sont tes objectifs pour ce Moto Tour ?
Ben gagner bien sûr ! Je sais très bien qu’à la loyale je n’ai aucune chance donc j’ai un plan machiavélique : laxatif pour les autres pilotes et j’ai promis une récompense à ceux qui feront quelques attaques suicide lors des épreuves sur piste, promesse que je ne tiendrai pas bien entendu ! (rire... ou pas)
Plus sérieusement, j’ai vraiment envie d’être bien classé (ego oblige). Il y a aussi la course dans la course avec les copain(e)s. Pour l’état d’esprit, je pars plutôt tranquille car c’est quand même mes seules vacances de l’année. Je compte aussi sur nos soirées. Entre pilotes et assistants, je vous garantis qu’il y aura de l’ambiance.
Avec quelle moto vas-tu courir ?
Un 690 SMR de 2008 : j’ai toujours eu envie d’un KTM depuis que j’ai le permis. L’ancien propriétaire, un bon ami, a dû s’en séparer pour cause de santé. Je n’ai pas réfléchi plus de 10 secondes. C’est une bonne moto, fiable (enfin pour l’instant) avec un bon châssis et un moteur à sensations après la petite prépa qui va bien.
On a vu passer sur le mur Facebook du team une photo de toi dans une remorque fermée avec la mention «Ça a du bon un menuisier dans une équipe». C’est quoi cette remorque ?
Exit mon camion, voici ma nouvelle garçonnière. Je suis assez fainéant donc monter et démonter une tente, refaire mon sac tous les jours, ce n’est pas pour moi lors d’un événement comme le Moto Tour. S’il pleut ou s’il fait froid, je serai sûr de bien dormir. Et c’est un lieux de stockage de plus pour tout le bordel que l’on devra emporter.
Comment penses-tu que la semaine va se dérouler ?
Mal. C’est pour ça que je me suis inscrit.
Est-ce que tu connais bien les autres membres de l'équipe ?
Je roule quasiment tout le temps avec Cyril et Marie. Jean-Marc, je l’ai vu seulement trois fois mais c’est déjà un bon ami. Avec Séb, on se voit une a deux fois tous les ans depuis quatre ans environ pour de grosses balades ou des rallyes.
Par contre je ne connais pas du tout les assistants ou alors je ne les ai vus qu’une fois. Mais je n’ai pas de doute sur notre bonne entente. Comme on dit, les amis de mes amis sont mes amis. Encore un vrai grand merci à eux pour leur dévouement.
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Puisqu'on parle du loup, le voilà en questions-réponses
Les pilotes du VTSC : Jean-Marc alias Oulmiassou
Jean-Marc, c’est le sage de la bande. Enfin, ça devrait vu que c'est notre "senior" à nous. Mais en réalité, c’est loin d’être le plus sérieux, même si ça ne se voit pas dans ses réponses. Après le week-end passé ensemble au Dourdou, on se dit que la semaine du Moto Tour risque de ne pas être triste... Côté reconnaissances pour le Moto Tour, il a réduit à l’essentiel mais quelques années de compétition, et l’esprit qui va avec, font que les p’tits jeunes auront à se méfier.
Depuis quand et pourquoi fais-tu de la moto?
J'ai commencé vers 14-15 ans comme passager, en Auvergne, été comme hiver. Puis j'ai passé mon permis à 17 ans. C'était un mode de transport et de liberté et ça l'est toujours avec des sensations en plus. La moto, c'est une passion, tout ce que tu fais à moto est plus intéressant qu'avec n'importe quel autre moyen de transport.
Tu as arrêté pendant plusieurs années ? Qu'est-ce qui t'a poussé à reprendre ? Et aujourd'hui, que trouves-tu dans la moto ?
C'est financièrement que ça a coincé il y a quelques années, sinon je n'aurais pas arrêté. C'est revenu naturellement dès que la situation l’a permis. Et maintenant, j'ai la même impression de liberté que quand j'ai commencé.
Parles-nous un peu de tes souvenirs : quelles sont tes expériences marquantes ?
C'est certainement les concentres que l'on faisait à l'époque qui m'ont bien marqué, notamment les Mille Vaches. J'ai fait beaucoup de tout terrain et de compétition pendant plusieurs années et c'est encore une autre dimension de la moto. J'avais l'esprit de compétition - je l'ai toujours -, aller au bout de soi, se comparer aux autres et pouvoir partager ses impressions, une ambiance quoi, y a toujours une odeur spéciale dans un paddock. Je me suis vraiment bien amusé en enduro, tu peux vraiment te lâcher alors que sur la route, ce n'est pas conseillé.
Pourquoi t'es-tu inscrit au DDMT ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de participer ?
L'envie de découvrir une grande compétition nationale, de traverser la France à moto, de partager ce moment avec des copains, de faire quelque chose qui reste un challenge pour moi. Et puis cette odeur de compét’ dans le paddock... J'aime bien cette ambiance.
Lors de la préparation de la plaquette du team, tu avais répondu, il y a quelques mois, à la question "Quels sont tes objectifs pour ce rallye ?" : Pas une fille (sauf Barbara) ni un journaliste devant moi (sauf si je me perds) ? Est-ce que c'est toujours ton état d'esprit à moins de trois semaines du départ ?
Mon objectif est largement revu à la baisse depuis que je sais que je suis capable de louper un CH dans un rallye ! Pour Barbara, ça tient toujours vu qu'elle tourne en 1'21 sur le circuit d'Alès. Je ne sais même pas si j'arriverai à la suivre avec sa baignoire à roulette. Pour les journalistes, j'ai fait un peu le kéké, ce sont des vrais champions. Finalement, j'espère simplement ne pas prendre trop de pénalités et terminer le rallye.
Quant aux spéciales, je ne les ai pas reconnues (sauf Alès) mais je vais faire le maximum pour bien figurer et pas trop me faire pourrir par les copains.
Parle-nous un peu de ta moto : pourquoi celle-là ? Depuis combien de temps l’as-tu ?
Je n’ai pratiquement aucun reproche à lui faire, elle est parfaite pour moi. Le choix s'est fait tout seul : rapport qualité/prix, plaisir, caractère, y'a pas mieux. Peut-être une selle trop dure. Ca fait deux ans que je roule avec et pour le moment, je n'ai pas l'intention d'en changer.
Comment envisages-tu la semaine ?
Avec sérénité puisque je ne me mets pas d'objectif impossible à atteindre, je m'adapterai aux situations. Et puis j'espère bien profiter au maximum de l’ambiance du groupe. Ca va être une grosse semaine de moto et de rigolade, j’espère.
Sauf erreur de ma part, à part Séb, tu ne connaissais personne dans l'équipe. Pourquoi as-tu dit oui à ce projet commun ?
Exact. Comme quoi la moto, c'est vraiment génial : tu peux vivre une aventure exceptionnelle même avec des gens que tu ne connais pratiquement pas. C'est peut-être ça l'esprit motard ? Justement j'ai dit oui à ce projet pour connaitre d'autres personnes avec des personnalités différentes, qui n'ont pas les mêmes ambitions que moi et surtout pour partager cette semaine de rallye.
Et puis à plusieurs, c'est plus facile d'intervenir sur la moto
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The last portrait but not the least
Dernier portrait des pilotes du team, Sébastien, dit sml, qui est un peu à l’origine du groupe, avec sa façon de lâcher un « et si on faisait... ? » de son air nonchalant. Grand voyageur, avec un bon coup de guidon, toujours en vadrouille, super organisé et en même temps toujours à l’arrache, c’est surtout un grand optimiste, qui voit la vie en bleu ciel (depuis les avions qu’il pilote) et cultive la zen-attitude.
Depuis quand et surtout pourquoi fais-tu de la moto ?
Mon premier 2-roues à moteur, c'était un Solex 3300, cadeau de mon père pour mes 14 ans, en 1990. Puis ma 1ère "vraie" moto, une MTX 125, en 1993. Et je ne suis quasiment descendu de selle depuis, sauf pour mes études.
Pourquoi ? Aucune idée. C'est "naturel", en fait. Mon père allait bosser en Solex, puis en Motobec'. Alors j'ai acheté Mob Chop. Puis Moto Journal.
Les MJ à la maison ont ravivé ses envie de permis gros cubes. J'avais 16 ans, lui 43, quand il l'a passé, et ramené une Transalp à la maison.
Il s'est mis à faire de la moto, alors tout naturellement, dès que j'ai eu l'âge, je lui ai emboité le pas. Je ne me souviens pas d'un déclencheur. Je sais juste que ça a toujours été là...
Au début j'en faisais juste pour le plaisir d'en faire. Ayant grandi au pied des Pyrénées, la région était propice. Je roulais toujours avec les mêmes deux copains. Puis en 1997 j'ai découvert Internet et le forum fr.rec.moto. Et ça a été une révélation pour moi. J'ai découvert que la moto était aussi synonyme de rencontres, de voyages, de découvertes.
L'été 1999, j'ai fait mon premier tour de France, et le goût du voyage ne m'a plus jamais lâché.
Quelles sont tes expériences marquantes ?
Il y en a tant, en 300.000 km !
Les plus beaux souvenirs, je pense que ce sont les kilomètres passés à rouler à deux motos, de concert, en couple. A sentir l'harmonie entre les deux, sans communiquer, juste en partageant le même instant. Ca m'a toujours ému.
Les expériences avec mon père aussi. Au Vietnam en 2009 et plus récement au Ladakh. La moto pour la découverte de nouveaux horizons, pour la rencontre, bien loin des "arsouilles" habituelles avec les copains. La moto comme moyen d'aller vers l'autre.
Et au niveau rallye ?
Incontestablement, la nuit du Dourdou 2008. 150 km à fond, sous la flotte, dans le brouilard, en permanence à la limite, avec mon pote Benjamin. Et la fierté d'avoir pointé à zéro au bout de la nuit, malgré des temps ridicules en spéciales.
L'UR2009 restera un grand moment aussi, autant qu'une grande déception de ne pas avoir su pointer dans les temps à l'issue du parcours de rassemblement.
Dans la spéciale de Marcillat lors de l'UR2009
Quels sont tes objectifs pour ce rallye ? Dans quel état d'esprit y vas-tu ?
Comme tous les membres de l'équipe je pense à me faire plaisir, ne pas me faire mal, et ne pas être trop ridicule au classement. Ca reste une compétition et on a sa fierté quand même
Parle-nous un peu de ta moto : pourquoi celle-là ? Depuis combien de temps l’as-tu ?
Ma moto est une KTM 950 SM de 2006 qui frise les 100.000 km. Je l'ai achetée quasi-neuve il y a 6 ans et je ne l'ai plus lâchée depuis. C'est la synthèse parfaite de ce que je préférais dans mes précédentes motos : une partie cycle impériale accueillant un twin rageur et puissant....
Et aujourd'hui encore, j'ai bien du mal à savoir par quoi je la remplacerai un jour.
Pourtant, ça avait plutôt mal commencé entre vous deux, puisque tu as rencontré un sanglier à quelques dizaines de kilomètres de la concession où tu l’avais achetée. D’ailleurs ceux qui te connaissent savent qu’un chat noir circule régulièrement autour de tes bécanes. As-tu fait appel à un sorcier vaudou pour être sûr de ne pas avoir de pépin pendant le DDMT ? (et accessoirement, peux-tu me donner son adresse?).
Au contraire, la relation a très bien commencé entre la KTM et moi ! Dès le premier jour, elle m'a montré que je pourrai toujours compter sur elle, et que quelles que soit les maltraitances que je lui infligerai, elle se relèvera et sera toujours là pour me mener à bon port. Elle ne m'avait pas menti et ne m'a jamais lâché depuis, malgré tout ce que je lui ai fait subir !
Et si c'est vrai que par le passé j'ai parfois perdu mon Modjo, les chats noirs, ma KTM les mange au petit déjeuner !!
Comment penses-tu que la semaine va se dérouler ?
A 100 à l'heure, avec le stressomètre dans le rouge pendant 8 jours !!! Des nuits courtes et inconfortables, des journées sur les chapeaux de roues, des aléas en pagaille... je sens qu'on va bien s'amuser, mais assez peu se reposer !
Est-ce que tu connais bien les autres membres de l'équipe ?
Plutôt pas mal dans l'ensemble... Avec certains, comme François, notre rencontre remonte à plus de 15 ans maintenant !
D'autres rencontres, comme Marie, sont plus récentes, mais je pense avoir appris à connaître chacun suffisament pour avoir une pleine confiance en tout le monde, aussi bien côté assistance pour être présents et efficaces que coté pilotes pour partager le même état d'esprit, cette envie de bien faire tout en gardant les pieds sur terre : "faire les choses sérieusement, mais sans se prendre au sérieux". Nous avons chacun nos sensibilités bien sûr, mais je n'ai aucun doute sur le fait que la mayonnaise prendra rapidement, que le VTwin Sport Club sera une belle équipe !!
Tu signes souvent tes mails d’une petite phrase, souvent pleine d’optimisme. Quelle est celle du moment ?
Il y en a tant qui m'accompagnent, c'est dur de choisir. Celle qui est le plus profondément ancrée au fond de moi est une citation d'Alain : "L'important, ce n'est pas d'être différent des autres, mais d'être différent de soi", qui me rappelle chaque jours combien il est important de savoir se remettre en question pour avancer.
Sur un ton plus léger, j'adore cette petite phrase par laquelle l'humoriste Jean-Jacques Vannier concluait ses chroniques radio, que j'écoutais quand j'étais ado : "A part ça, la vie est belle et c'est tant mieux". Je ne saurais vraiment mieux dire !
Est-ce qu'il y a des choses dont tu voudrais parler en plus ?
Bien entendu, il faut encore et toujours saluer le rôle fondamental des assistants, pour qui ce sera également une course éprouvante, et sans lesquels les pilotes ne pourraient rien. Merci à eux d'être là, pour nous...
Mais surtout, je voudrais dédier ce portait à Antoine Collignon, dit "Artkore", tragiquement décédé le 2 septembre dernier sur le cricuit du Vigeant. Il était la gentillesse même et il incarnait pour moi ce que la passion peut porter de meilleur. Passionné de moto sous toutes ses formes, dessinateur de talent (on lui doit le logo du VTSC), fondateur / rédacteur du magazine Street Monsters, initiateur / organisateur de la Monster Race, toujours une bière au frais pour les copains dans le frigo, des étincelles et des envies pleins les yeux... Je garderai de chacun des moments partagés avec lui ces dix dernières années le souvenir d'un petit gars aussi menu qu'investi, aussi sage et discret qu'entreprenant et innovant, aussi passionné qu'ouvert.
So long Antoine. Tu dois déjà être en train de bosser sur "Cloud Monsters" là-haut. Mais ici-bas, tu vas sacrément me manquer !!