Avec Mary on avait essayé les MV 800 Rivale et Stradale en 2015, quand elle cherchait une successeuse (?) éventuelle pour Speedy.
Un petit hypermot' péchu et léger (la Rivale), disponible également en version un peu plus civilisée (Stradale), sur le papier ça donnait bien envie.
Au final la Rivale s'est révélée être une caricature d'Hypermotard, avec ce guidon à la verticale de l'axe de roue av, et un avant hyper vif qui fait qu'un final tu passes ton temps sur tes gardes. Exit donc.
La Stradale par contre, même si elle moche comme un pou, s'était au contraire révélée bien plus équilibrée, et plus proche du cahier des charges.
Donc quand Patrice (qui de son coté affiche 80k au compteur mine de rien) a commencé à réfléchir également à la suivante, je n'ai pu m'empêcher de lui faire l'article de la Stradale.
Rdv est donc pris pour un essai chez Motorenard à Avignon.
Un concession comme il n'en existe que trop peu, avec un taulier passionné, franc du collier, pas prise de tête, qui connait ses machines sur le bout de doigts. Un vrai plaisir de causer avec, un vrai contact comme on n'en voit malheureusement plus assez..
Et tant qu'à venir à deux... autant essayer deux motos !
Faute de Brutale disponible, va pour une Turismo Veloce "Lusso".
Pas si mal finalement.
On a d'un coté un Hypermotard "basique", la Stradale, avec certes un peu d'électronique (version dite "EAS") mais 3 ans après sa sortie, son équipement parait presque sommaire à comparer à la TV et son écran TFT, ses suspensions pilotés réglables par Smartphone, ses whatmille modes de conduites paramétrables de partout.
La Stradale, qui il y a 3 and aux coté de la Rivale passait pour la version "touring", endosse cette fois-ci le rôle de la Naked comparée à la TV.
Bon, assez, causé, si on veut être revenus avant midi, gaz !!
Patrice connaissant le coin comme sa poche, j'enfourche la Stradale et le suis vers la zone d'essai, composée une route bien défoncée, et d'une ES de Rallye, au révêtement nettement meilleur mais extrêmement tortueuse.
Sur la Stradale je retrouve ce 800 que j'avais beaucoup apprécié. Une papate d'enfer, un petit "grunt" bien sympa, du gras à mi-régime, un régal. Partie-cycle au top, malgré un frein manquant un poil de mordant, et une levier d'embrayage dur comme sur une Aprilia, et super éloigné. L'occasion de se servir du shifter et de constater que par rapport à celui de la Vitpilen c'est le jour et la nuit. On dirait une boite PDK. Il suffit de demander ce que l'on veut et ça passe tout seul sans à-coup. Un régal. Occasion, en suivant Patrice sur la TV, de constater à quel point les MV sont quand même super belles, et tous les détails super soignés. Les ciignos, les plastiques, tout est admirablement dessiné. Je ne sais pas comment ça vieillit ni combien de démontages ça supporte, mais à se rincer l'oeil c'est du caviar pour les yeux.
Les premiers virolos s'enchainent bien. La position est super naturelle, la moto agile, la garde au sol généreuse, on sent le potentiel du bazar. Mais par contre quand le revêtement commence à se dégrader plus que de raison, catastrophe. La moto se met à rebondir dans tous les sens, le bitume vient s'incruster dans la boite à fumée... tout part soudain en cacaouettes

Autant sur le lisse la tenue de route était impérale, autant sur route dégradée c'est la java et il faut rendre la main pour ne pas se faire éjecter dans le fossé. La faute à un amortisseur (hydraulique clairement, ressort peut-être ?) bout de bois qui se retrouve trop vite complètement dépassé. Là où la KTM passe comme un tapis volant, le challenge devient de garder le cul au contact de la selle...
Vraiment dommage, parce que pour le reste, entre le train avant en or massif et le moteur à la fois rageur et granuleux à souhait, c'est que du bonheur....
Patrice a l'air pour sa part enchanté par la TV, alors on profite d'être à mi-chemin pour échanger les brêles et comparer nos ressentis.
La position est plus droite, et plus naturelle à la fois. Autant la Stradale, avec ses origines Hypermotardes, vous sollicite dès l'assise, autant la TV vous accueille avec le plus grand naturel. Vraie bulle, joli écran TFT plein de couleurs, on sent qu'on est monté en gamme et qu'on est passé à la génération suivante. Mode "sport" activé, et gaz dans cette fameuse spéciale.
Mais au premier freinage... hop hop hop c'est quoi ce truc ?
Alors que la Stradale permettait de rentrer fort sur les freins, là on se retrouve sur... un trail !!
Comme sur un bon vieux DR650, tu freines en ligne, tu relaches les freins, tu laisses la fourche remonter de 15 cm, et tu engages le virage.
Si l'idée saugrenue te prend de toucher aux freins en virage, c'est juste la bérézina et la moto se redresse et se tord à la fois, te faisant bien comprendre que si tu veux arriver à bon port ça serait bien d'arrêter avec tes idées aussi pourries.
C'est dommage par ce que pour le reste on n'est pas loin du sans-faute.
Au bémol près d'une pédale de frein placée trop bas et d'échancrures de flancs de carénage un poil trop exiguës pour mon gabarit, le reste est vraiment top. Confort, ergonomie, position, protection, tout est nickel, et ce moteur toujours aussi agréable, avec son bon gras bien grumeleux entre 5 et 8, sa plage de prédilection.
Au final, on a finit par ramener les motos avec un peu de déception quand même.
D'un coté une moto joueuse dotée d'un train avant génial, mais condamné par un amorto AR trop dur qui se paie trop cher sur les bosselé, et de l'autre un super trail routier mais qui gardé un chouille trop son coté trail, ce qui le pénalise quand on veut commencer à improviser vraiment.
Du coup je reste un peu sur ma faim quand même. Toujours aussi fan du moteur MV800, mais je n'ai pas encore trouvé le bon écrin pour en profiter pleinement.
Va vraiment falloir que j'essaie une Brutale, quand même.
D'autant que tout à notre essai de MV on a snobé la Corsaro 1200 de démo.
Et en terme de moteur de maboul dans un châssis à chier (carrément dangeureux, même), à l'époque ça se posait carrément là.
Semble-t-il que désormais, doté de nouvelles suspensions, ça tient désormais convenablement le parquet.
Si Euro4 n'a pas asphyxié le moulbif, ça mérite alors vraiment le détour.
Bref, si ni Patrice ni moi n'avons sorti le chéquier à l'issue de l'essai, je pense quand même que Motorenard mérite une contre-visite bientot, dès qu'une Brutale sera disponible à l'essai !
Et d'ici là, la recherche de l'héritière de SuperMamie continue
